Dans le sud du Mali, un village est tombé entre les mains d'extrémistes musulmans qui quadrillent les environs pour édicter leurs nouvelles règles. Ceux qui refusent de s'y plier sont condamnés à la charia, dans son interprétation la plus radicale. A quelques lieues de là, Kidane vit librement avec sa famille et son troupeau, sans les contraintes de la ville. Deux univers et deux visions du monde qui vont violemment se percuter quand l'une des vaches de Kidane est abattue froidement par un pêcheur...

 

Dans une sélection très marquée par les crises et les conflits contemporains, Timbuktu, du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako, s'est fait une place méritée dans la compétition cannoise. Timbuktu frappe par ce regard si singulier qui joue des contrastes narratifs et visuels. A la lisière du documentaire et du film de fiction, Sissako, qui a tourné le film dans son pays, oppose deux visions d'une même religion. Le fond épouse la forme. Aux cadrages serrés des procès fantoches et des condamnations violentes répondent des plans d'ensemble où la nature reprend ses droits, dans des jeux d'ombre et de lumière d'une poésie rare ou quand la liberté bafouée donne lieu à un match de football joué avec passion par des enfants, moins la balle, invisible et insaisissable, car interdite par les autorités en place. Beau et cruel, il verse pourtant parfois dans une satire qui fait défaut à l'ensemble. Exemple avec ce djihadiste qui se cache pour fumer et apprend à conduire à l'abri des regards. Des embardées rattrapées par la brutalité de son final dont les images, persistantes, semblent comme suspendues à la mémoire du spectateur.