illusions perdues
Adaptant courageusement un roman riche de 700 pages et 70 personnages, l’épurant jusqu’à l’os, Pauline Bayle fait vibrer le talent de dialoguiste de Balzac et son goût pour les mots d’esprit assassins. Elle donne à l’oeuvre une rythmique qui captive ; la pièce passe en un clin d’oeil, avec fluidité et intelligibilité. Elle laisse les spectateurs libres de s’inventer leurs images : tout repose sur les mots qui claquent sur le plateau nu car la théâtralité épurée laisse toute la place aux interprètes. Le temps d’enfiler une veste ou de nouer un foulard, cinq comédiens passent d’un rôle à l’autre avec jubilation, incarnant une vingtaine de personnages. À travers le rythme effréné de l’ambition et de l’argent, Illusions perdues dévoile une société cruelle où personne n’est épargné. Et pourtant, malgré la mécanique implacable, les personnages flamboient, même au plus profond de leur mesquinerie, par du théâtre direct et frontal. Enthousiasmant.
Publié le 22/12/2022