Contes Immoraux – Partie 1 : Maison Mère
Une Athéna punk est assise sur scène, attendant son heure. Elle se lève, visage fermé, regard déterminé, empoigne une pique, tel un hoplite antique, pour mouvoir les cartons qui recouvrent le plateau. Il faut la voir se battre avec ce monument qu’elle tente difficilement d’édifier à grands coups de ruban adhésif et de cales, hommage à Athènes, cité des dieux, de la philosophie et des arts, emblème de la démocratie.
Le public est haletant devant le spectacle. Puis, son œuvre à peine accomplie, Phia Ménard la regarde ployer sous les assauts d’une pluie torrentielle, digne d’une mousson furieuse, effet du réchauffement climatique ou de la marée montante populiste. Le tableau est saisissant, notre maison Europe s’effondre sous le regard d’une Sisyphe moderne et désemparée. Comme si tout, finalement, était à reconstruire sans cesse. L’impressionnante performance de Phia Ménard autour de ces grands objets en équilibre, entre cirque et chorégraphie, est un nouvel exemple de son talent lorsqu’il s’agit de produire des images et des émotions fortes.
Publié le 13/02/2023