Ce monologue intérieur, tentative de théâtre musical où les situations poétiques et musicales naissent à partir d’un texte, central en l’occurrence, et de l’incarnation charnelle de ce texte par les comédiens Sylvie Levesque et Cédric Duhem. Ce monologue intérieur qui fait référence à l’univers des feuilletons télévisés et nous rappelle qu’entre notre perception du réel et celle du virtuel, il y a l’illusion.
Il faudrait se dégager de tout, se débarrasser de tout ce qu’on est, nous dit Ludovic Degroote, qui ajoute plus loin, nous allons tous vers le manque, comme nous en venons, mais une vie ne suffit pas pour aller vers ce dépouillement maximal, jusqu’à l’anéantissement, cet effondrement dans un monde complexe et instable que nous n’aurons pas le temps de comprendre. Comment supporter la petite musique du délitement de nos vies dans l’absurde réalité qui nous emmène inéluctablement toujours « un peu plus au bord » tout en gardant l'humour nécessaire à la survie ?
Sur scène, un plateau nu, une lumière décroissante qui épouse le sens du texte et 9 micros suspendus, véritable installation sonore et plastique minimaliste au service des comédiens. Le public, assis sur des coussins, entoure la scène dont les limites s’estompent… « Un peu plus au bord ». La vocalité du texte musicalisé par un brouillage qui fonctionne comme des effets électroacoustiques incarnés par des comédiens, souligne cette immédiateté de l’être proche d’un esprit bouddhique. Geoffrey François, qui, outre la musique, signe ici la mise en scène, a transformé le plateau en instrument de musique et propose au public une expérience sensorielle où le son et la pensée poétique se rejoignent.