Peu d'oeuvres occupent la vaste halle B de l'établissementroubaisien et pourtant, chacune des deux propositions faites incite et invite à une réflexion profonde sur la façon de regarder ce que l'on appelle encore trop souvent des 'quartiers'. Dans Terres arbitraires, Nicolas Clauss met ainsi en parallèle, sur une myriade d'écrans, des images de visages (près de 300), saisis au plus prêt dans différentse expressions avec lesquelles alternent , comme une étrange litanie le nom des 751 Zones Urbaines sensibles. Face aux écrans, plongé dans l'obscurité, le visiteur baigne dans une construction sonore qui mixe discours politiques, regards sociologiques, extraits de publicités anciennes dans un étrange mélange qui, à sa façon renvoie lui aussi une image tronquée de ces secteurs. Une œuvre en évolution constante au fil de ses présentations admirablement pertinente en ces temps où les contre-vérités politiques abondent.
Pour leur part, Catherine Poncin et Damaris Risch dans Ode à neuf voix proposent une rencontre avec neuf habitants du quartier croisés au gré de promenades et d'échanges autour de la Condition Publique. Croqué par une photo (sur fond de trame textile) et complété par des entretiens filmés autour de souvenirs, de chansons, d'échanges, cette composition moderne donne à voir le quartier sous un jour nouveau. Un vrai plaisir.