« Un lieu de vie et de culture »

Novembre 1978 : ouverture des portes rue Castillon. A la manière d'un prologue assuré par la narratrice : une mère de famille qui « ne trouvait pas les livres qu'elle souhaitait pour ses enfants » raconte Ariane, sa contemporaine. Le temps des premières librairies indépendantes spécialisées, à l'origine d'une explosion graduelle du genre, sous l'impulsion d'auteurs « dont la préoccupation est de s'adresser aux enfants ». Des maisons d'édition, des albums illustrés toujours plus novateurs (« plus rien à voir avec Martine ») et des thématiques inédites : l'identité, la mort, la sexualité (notamment celle des parents), « tout est abordé »... car « la conception de l'enfant et la façon de lui parler évoluent ». Maturité similaire côté ados, avec une littérature « plus narrative » et des sujets « abordés de façon plus directe, parfois crue ».

« Le problème aujourd'hui, c'est qu'il y a beaucoup de bonnes et de mauvaises choses »... D'où l'importance du libraire « pour conseiller, faire des choix, proposer des nouveautés » : « ce qui compte, c'est le niveau de lecture et la maturité de l'enfant pour aborder un sujet »... même si dans la masse, « on peut passer à côté de choses extraordinaires ». Un bon livre ? « C'est éveil et plaisir : l'enfant doit grandir avec l'idée qu'il peut trouver du plaisir dans la lecture et pas seulement une solution à un problème ».
D'ailleurs « chez nous, rien n'est classé » : des piles de livres sur les tables, des albums rangés dans des caisses de couleurs, des étagères peuplées de figurines et de boîtes à puzzles, des coins lecture meublés de petits canapés... et parfois « des rendez-vous improbables » comme une matinée espagnole, entre concerts et lectures de comptines, une rencontre avec des écrivains autour de problématiques ados : « l'important, c'est de mettre en avant cette culture pour enfants ». Depuis toujours.