Tout est bien qui finit bien !

"Tout est bien qui finit bien", telle est la morale qui nous vient à l'esprit lorsqu'une histoire, pourtant fort mal engagée, débouche in extremis sur une heureuse conclusion. C'est bien ce qu'a imaginé le maître des dramaturges quand, quelque part entre 1601 et 1608, il jeta les bases instables de cette histoire, de pure tradition romanesque. 

Ainsi, pour avoir guéri le roi de France, Hélène, une orpheline, reçoit un mari en récompense, Bertrand, fils de sa noble famille d’accueil, qu’elle convoitait en secret. Marié malgré lui, Bertrand s’enfuit à Florence où il découvre le plaisir d’un lit adultère. Fort logiquement, tout menace de mal finir…

D'après les initiés de l'art théâtral, l'on apprend que cette pièce se voit souvent classée parmi les comédies « à problème » ! Pourquoi ? En grande partie parce qu'elle fait cohabiter les styles habituellement bien distincts du conte de fée et du réalisme cynique. Du coup, elle ne peut être réduite ni à une tragédie, ni à une comédie, et la pauvre en est devenue l'une des pièces de Shakespeare les moins jouées !

Mais est-ce bien là le plus important ? Car 4 siècles plus tard, le résultat est là : on en rit encore ! Des dialogues d'une étonnante modernité, rappelant parfois un Guitry ou un Audiard, une langue étincelante qui joue avec les mots, des phrases qui s’entremêlent et s’embrouillent jusqu’à l’absurde... bref, une véritable partie de ping-pong verbal qui flirte avec cette fameuse tradition humoristique bien britannique, dont les Monty Python donnent une petite idée.

Rajoutons à cela 12 comédiens trépidants, et l'on obtient un spectacle où l'action ne s'accorde aucune pause. Mais dans ces conditions, me direz-vous, comment le public peut-il tenir, durant tout de même 2 heures, sans même pouvoir reprendre son souffle ? Rassurez-vous, il paraitrait que, à Meyzieu comme à Tassin, tout est bien qui finit bien...