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danse

SACRE DU TALENT

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Sous les assauts du Tanztheater Wuppertal, les planches de l’Opéra de Bordeaux résonnent de l’audace d’une chorégraphe sacralisée.

Disparue en 2009, l’allemande Pina Bausch fut certainement la chorégraphe la plus réputée du XXème siècle, et sur plusieurs continents. Et pour cause, la papesse de la danse moderne a, en cinq décennies de carrière, révolutionné l’univers de la danse. Créatrice du désormais culte Tanztheater Wuppertal, en résidence dans la ville allemande du même nom, ses théories radicales, en rupture avec tous les cadres classiques, l’ont menée vers une danse d’émotion brute. Elle crée un style inédit en donnant naissance à la « danse-théâtre » et à des pièces dansées avec le cœur, le corps et les tripes, devenues cultes.  D’une observation passionnée des contacts humains, elle tire une chorégraphie radicale évoquant les thèmes majeurs et fondateurs de sa danse : la solitude, la douleur d’être soi, l’impossible relation à l’autre. Les corps se cognent, se heurtent, s’étreignent et s’entrechoquent.

VALSE DES CORPS ET DES CODES

Ses œuvres renversent les codes, comme les chaises qui valsent, au rythme de la musique d’Henry Purcell et sous les assauts des danseurs qui traversent, brutaux et aveugles, la scène de Café Müller. Avec audace et talent, elle s’est aussi attaquée aux monstres sacrés avec une énergie communicative et a donné aux partitions classiques de la danse une contemporanéité qui semble inaltérable. Preuve en est avec sa bouleversante interprétation du Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky. Le sujet de la pièce, qui donne à voir la bestialité de l’homme soumis à des instincts primaires, a inspiré à Pina Bausch une de ses plus belles créations. Café Müller et Le Sacre du Printemps seront exceptionnellement donnés par la troupe du Tanztheater sur la scène prestigieuse du Grand Théâtre de Bordeaux. Quelle plus belle façon de démontrer la réussite de l’alliance entre classicisme et modernité, entre technique et liberté que de couvrir la scène majestueuse d’une boue primale, dans laquelle s’ébattent les danseurs du Sacre. Quel plus bel hommage à la grande Pina que d’ouvrir à sa folie les portes de la tradition.

Publié le 08/10/2013 Auteur : Anaïs Rouyer

Le Sacre du Printemps et Café Müller, du 10 au 13 octobre au Grand-Théâtre de Bordeaux.


Mots clés : danse