Nina is a punk rocker

Bien sûr, il y a My Baby Just care for me ou la relecture possédée du classique Ne me quitte pas. Rien que pour ces deux titres, le nom et l’image de Nina Simone sont à jamais gravés dans l’inconscient collectif. Pour autant, la carrière et l’imposant répertoire d’Eunice Kathleen Waymon – son état civil complet - ne peuvent se limiter à ces deux tubes interplanétaires. Plus dur encore est de situer sa sphère d’influence musicale : jazz, soul et même parfois folk. S’il faut chercher une constante dans le parcours de la diva, c’est du côté de l’engagement et de la lutte qu’elle se trouve. Car, celle qui ambitionnait de devenir concertiste internationale rencontrera vite la réalité de l’Amérique ségrégationniste. De son rêve brisé, elle tirera une énergie et un désespoir qui habiteront chacune de ses chansons mais qui alimenteront tout autant une conscience et un engagement constant pour la reconnaissance des droits des noirs d’Amérique et plus globalement de tous les opprimés.

L’idée de confier à Tamar Kali, égérie de la nouvelle scène afro punk américaine,  la direction d’orchestre d’un projet hommage  à Nina Simone se révèle judicieux à plus d’un titre. Non seulement le collectif Black Roll Coalition, initialement animé par Vernon Reid, prend une longueur d’avance sur son époque en renouvelant totalement son personnel puisque que l’orchestre sera exclusivement composé de Ladies. Mais surtout on trouvera à coup sûr dans les relectures orchestrées par Tamar Kali la force et la furie qui ont animé Nina Simone tout au long de sa carrière. Et si le répertoire de cette dernière gagne en électricité, soyez assuré qu’il ne perdra rien de la puissance émotionnelle, quasi mystique, de cette grande dame de la musique du XXème siècle.