Onze chapitres pour revenir sur les coulisses du métier d'écrivain. Car finalement, l'exposition des archives du Nord en dit long sur les habitudes de Marguerite Yourcenar. Les feutres qu'elle utilisait pour annoter ses propres livres, ces interviews parues dans la presse mais pour lesquelles elle trouvait des chose à redire, ses désaccords avec les traducteurs de ses livres... L'auteur soignait ce qu'elle laisserait à la postérité. « Marguerite Yourcenar a laissé beaucoup d'archives... mais elle en a brulé presque autant » explique Achmy Halley, directeur de la Villa départementale Marguerite Yourcenar (située à Saint Jans Cappel). Les documents présentés proposent ainsi des textes inédits (et à retrouver dans le catalogue de l'exposition) comme les premiers livres de celle qui deviendra la première femme à entrer à l'Académie française. Car cet événement occupe une place importante dans le parcours de visite : « Le but de l'exposition est aussi de montrer comment un écrivain marque une époque. Aujourd'hui, Marguerite Yourcenar est respectée et panthéonisée mais ça n'a pas toujours été le cas. » rappelle Achmy Halley. Caricatures et coupures de presse à l'époque de son élection à l'Académie française le démontrent largement.

Il s'agit de la première exposition qui rende ce fonds public. Après, il sera consultable sur place, sur demande. Ces coulisses ne pourraient être qu'une petite facette de ce qu'il y a à découvrir de l'auteur car de nouveaux écrits restent à émerger : il existe, à Harvard, des manuscrits sous scellés. Des lettres d'amour, des extraits de journaux intimes des années 30, ses « années dissipées »... qui ne pourront être, conformément à la demande de l'Immortelle, dévoilés que 50 ans après sa mort, soit en 2037.

 

 

 

 

L'élection de Marguerite Yourcenar à l'Académie française racontée par Achmy Halley

« Il y avait une opposition entre les Anciens et les Modernes. Les Modernes, c'est, à l'époque..., Jean D'Ormesson. Les Anciens, Claude Levi-Strauss. Il y a eu une bataille. Lors de la séance du 6 mars 1980, il y a deux élections le même jour. Il se dit que les Anciens ont accepté de voter pour Yourcenar si les Modernes acceptent de voter pour Michel Droit, un journaliste très à droite qui écrivait pour Minute. 

On s'est toujours étonné de l'attitude condescendante de Yourcenar qui refusait de siéger à l'Académie. Mais c'est parce qu'elle avait appris ce marchandage, dont on sait aujourd'hui qu'il a réellement eu lieu. Elle avait alors déclaré qu'elle ne mettrait donc jamais les pieds à l'Académie française. Et c'est ce qu'elle a fait. »