Le temps des cerises

« Je viens de vivre des années tourmentées, labyrinthiques, sous le feu des médias. J'ai envie de refaire le chemin et de dire ce que j'ai longtemps tu ». Un récit comme un exhutoire, parfaitement découpé, nourri d'expériences, de points de vues professionnels et de privés. 1995-97, « une période extrêmement dense », les fastes de la (grande) vie politique : « le meilleur d'entre tous » dixit le président Chirac se retrouve en première ligne, Premier Ministre jusqu'à la débandade législative de 1997. Suivent six années marquées par « l'humiliation », « l'épreuve douloureuse des procès », l'aéroport de New-York « où l'on me considère comme un repris de justice », et le jugement en appel « qui m'a rendu mon honneur ». Le tout traversé par la perte des parents, véritable « rupture », comme l'occasion d'évoquer son enfance, « dans une famille heureuse, à Mont-de-Marsan », et de souligner certains écarts de génération : la maison où « une paire de taloches de temps en temps n'était pas justiciable comme aujourd'hui », l'école où « la violence n'existait pas, même si parfois on se filait quelques beignes », son père, à l'orthographe irréprochable, « alors que les copies d'aggrég' d'aujourd'hui... » L'occasion également, d'évoquer la mort et l'après : aux « gens qui ont des certitudes, effrayants », lui préfère « le doute méthodique ». Enfin, le siècle nouveau, c'est la création de l'UMP, là où « le RPR ne correspondait plus à grand chose dans le fond », nécessaire pour avoir en France une grande formation politique de droite comme en Angleterre ou en Allemagne.

2005, année « de bonheur » québecoise : la vie de famille, l'anonymat du « citoyen lambda », le calme et la décontraction de « gens formidables »... mais « de grands espaces un peu monotones » comparés à la diversité de la France et du Sud-Ouest. Vote familial : Paris-Montréal, 0-4... Bordeaux-Montréal, 4-0. 2006, c'est donc le retour à Bordeaux (et la fin de son inégibilité), marqué par deux réelections à la mairie et à l'inverse, les législatives de juin 2007. Avant un dernière projection sur l'avenir et « le monde qui nous entoure » : la révolution géopolitique, au sein d'un monde multipolaire, où l'Europe est présentée comme « une chance formidable », pourtant boudée par des citoyens « indifférents à sa construction ». La révolution numérique, à double tranchant car « nous sommes esclaves des technologies que nous inventons », et la nécessaire révolution écologique face à l'inquiétude de l'auteur : le réchauffement climatique, le recul de la biodiversité, les problèmes de sous-alimentation... Les solutions ? « Se déplacer, construire et consommer autrement ». Un parcours et des idées intimement liés au destin bordelais.