Le sens de la fête

Le duo Toledano-Nakache, loin de tout fait de société, s'attache cette fois à dépeindre un petit microcosme de personnages dont le métier est de distraire et de faire passer de bons moments. Derrière la locomotive Jean-Pierre Bacri, parfait en patron irritable, fatigué, bourru mais généreux, le film déroule un portrait collectif qui échappe au factice. Le soin apporté à des plans plus tape-à-l'oeil que pertinents ne masque pas ici l'indigence de l'écriture. Chaque rôle y gagne une belle consistance à laquelle des comédiens à l'unisson apportent une réelle épaisseur (de Vincent Macaigne en beau-frère lunaire à Gilles Lellouche en DJ fort en gueule, Benjamin Lavernhe en marié suffisant ou Eye Haidara en bras droit qui ne mâche pas ses mots). Malgré le soin marqué à filmer et décrypter la petite communauté, de son plus grand rouage à son plus petit maillon, les cinéastes n'ont cependant pas grand chose de plus à faire que de célébrer un vivre ensemble quelque peu mièvre. Si les instants de comédie se révèlent percutants, la trame générale du film et son suspense mou sur la réussite de la soirée s'avèrent nettement moins ambitieux. Comédie douce-amère soigneusement dialoguée, Le sens de la fête ne parvient pas suffisamment à s'arracher de cette légèreté pour convaincre totalement. Le bagout et le talent de Jean-Pierre Bacri et de ces comparses en font cependant un agréable moment de cinéma.