Sortir : Ça fait un moment maintenant que tu es seul dans le circuit...
Bruno (Sergent Garcia) :
Ouais c'est vrai, seul, mais bien accompagné ! Ça fait à peu près 12 ans  que je me suis lancé en solo, et on peut dire que c'est une belle aventure jusqu'à présent : 7 albums je crois, et pas mal de kilomètres au compteur... également beaucoup de voyages, de pays visités, beaucoup de rencontres. Voyager, j'en ai toujours eu envie, peut-être le fait d'être issu d'une famille métissée, mais avant ça, j'avais jamais eu la possibilité de voyager vraiment. Même si je voyageais déjà dans mon quartier parisien, à Belleville, un quartier plutôt métissé.

Sortir : Un mélange que l'on retrouve toujours à travers ta musique.
Sergent Garcia :
Quand on a commencé avec Ludwig, dans les années 80-90, on était sur des sons plutôt punk : c'est la musique qui nous paraissait la plus créative à l'époque, sur un fond de rébellion que j'appréciais. Mais ce punk-là était déjà ouvert, notamment au reggae et au ska. Derrière, j'ai découvert la musique black dans un groupe de hip hop : à partir de là, j'ai compris que la musique n'avait pas de frontières, qu'elle se nourrissait des migrations des peuples, du mélange des sonorités et des cultures. Depuis, j'ai dérivé vers le mouvement latino : pas vraiment un chanteur salsa, ni reggae, mais toujours empreint de cette énergie rock.

Sortir : Et donc, beaucoup parlent de ce nouvel album comme d'un retour...
Sergent Garcia :
Disons plutôt que c'est un retour en force ! Non, sérieux, ces dernières années, j'ai pas mal bourlingué en Amérique du sud, mais là, sur cet album, on a décidé de repartir de zéro, sans maison de disque, en auto-production... donc forcément, il a fallu aller chercher l'argent, les partenaires, ça a pris plus de temps. Surtout, on a voulu prendre le temps de le faire bien, de trouver les bonnes personnes, en s'associant notamment avec un label indépendant colombien. Il faut aussi mesurer la portée internationale de la chose : l'album sort non seulement en France, mais dans 27 pays et il faut aller le défendre partout.

Sortir : Mais son berceau, ça reste la Colombie.
Sergent Garcia :
En fait, Una y otra vez (le titre de l'album) a été enregistré sur 4 pays : une partie en Espagne, où j'habite pas mal, ensuite à Paris auprès des musiciens avec qui je travaille depuis longtemps, puis à Cuba pour enregistrer quelques cuivres, et enfin 4 mois en Colombie, pour y intégrer un peu de cette énergie qu'il y a actuellement dans le pays. Una y otra vez, c'est pas de la musique colombienne, mais c'est un album fortement imprégné de ces musiques-là.

Sortir : Justement, parle-nous de la Colombie et sa musique.
Sergent Garcia :
La Colombie, c'est un pays dont on voit souvent les mauvais côtés, violence, drogue, corruption... mais c'est aussi une scène musicale indépendante impressionnante de création et de dynamisme ! Actuellement, les musiciens locaux reviennent beaucoup au folklore et aux traditions musicales, interprétés de façon plus moderne. La Colombie, c'est également un très vaste pays, avec différents mouvements, salsa, reggae ou très rock, selon les côtes, caraïbes ou pacifiques, beaucoup moins de barrières qu'ici... il en découle une fusion musicale très intéressante.

Sortir : Et la suite donc, c'est la scène et ce passage en Gironde...
Sergent Garcia :
Cet album, on l'a fait fait envers et contre tout, ça a été une vraie lutte, maintenant on va continuer à se battre pour le projet ! Avec mon orchestre, on est parti pour une quarantaine de dates à travers l'Europe, puis de l'autre côté de l'Atlantique, Canada, Etats-Unis, pour finir en Argentine et au Brésil. Tout ce périple, ça représente un vrai challenge pour tout le monde... Mais d'abord, c'est un vrai plaisir de revenir en France pour y retrouver ce public, qui a été l'un des premiers à me suivre.