Ce qu'Henry Bauchau a raconté dans le livre L'enfant bleu publié en 2004, l'exposition le déroule plus ou moins chronologiquement invitant à découvrir en parallèle les notes du thérapeute (retranscrivant les mots de Lionel) et les premières œuvres de Lionel. Monstres angoissants et labyrinthes fascinants dessinant les prémisses d'une œuvre riche, minutieuse et vaste. Soutenu par le médecin, Lionel trouve dans l'art un exutoire à ses difficultés et une nourriture pour son imaginaire. Entre démons urbains et figures évoquant le minotaure tapi dans son dédale, les mains de Lionel donnent corps aux difficultés de son esprit. Considérer ce travail comme une simple démarche thérapeutique serait toutefois réducteur au vu du parcours effectué par Lionel au fil de plus de 35 ans de travaux continus.

Non seulement, l'artiste y fait évoluer ses sujets mais ses techniques changent au fil du temps. Du dessin à la sculpture, Lionel y déploie un univers riche qui s'il se nourrit encore de ses obsessions originelles sait aussi s'en détacher pour puiser dans les soubresauts du monde de quoi nourrir son travail et son envie. Outre le saisissant parcours artistique suscité par Henry Bauchau, l'exposition dessine en filigrane le retour au monde d'un homme par le biais de son art. Une réussite y compris dans sa scénographie qui retranscrit dans peu d'espace la variété du travail de Lionel et la richesse de son parcours.