Isaac, Mozes, Sarah, Ida, Chaskiel, Schama, Frida, Samuel, Esther…

 Une exposition à l’Hôtel de Ville de Lille retrace l’histoire de la déportation à Auschwitz des Juifs et des Tziganes du Nord - Pas-de-Calais et de la Belgique.

Le 11 septembre est une date symbolique. Oui, me direz-vous en pensant au 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, mais il y a un autre 11 septembre effacé de nos mémoires et qui fut tragique dans la région, c’est en 1942, celui du départ du convoi X qui emmenait de Lille vers Auschwitz 1048 déportés du Nord-Pas de Calais, notamment du bassin minier de Lens, dont seuls 17 revinrent. Le convoi Z pour Zigeuner (Tziganes en allemand) parti en janvier 1944, comptait, lui, 351 personnes raflées à Roubaix, Hénin-Liétard et Frévent, dont 15 survécurent. Longtemps restée dans l’ombre, cette histoire est maintenant mieux connue grâce à l’ouverture des archives de police françaises allemandes. 

Mémorial d’une humanité déshumanisée, on aurait aimé voir ces immenses bâches qui ressuscitent les victimes à travers leur portrait, à la Gare Saint Sauveur, lieu symbolique qui vit le départ de ces deux convois avec à leur bord des hommes, des femmes, des enfants (le plus jeune avait un mois et demi) et des vieillards (le plus vieux avait 79 ans). Le regard de ces 1400 victimes innocentes par-delà le temps et l’histoire nous interroge et nous accuse. Ces dérisoires éclats de vies nous imposent le silence. Si la mémoire est un devoir, alors nous avons tous celui de nous immerger dans cette longue litanie de visages qui envahissent le hall de l’hôtel de Ville tels une foule de fantômes.