Mais le projet est beau et éminemment singulier. Au départ, il y a une entreprise spécialisée dans les jeux vidéo et ses nombreux domaines connexes. Toutes ces activités nécessitent du contenu musical et sonore. Alors pourquoi sous traiter quand on peut faire soi-même ? Jusqu’ici on imagine à peu près un chemin qui a plus à voir avec la logique économique qu’avec un propos artistique et une politique éditoriale. Mais la création de Hip Hip Hip sur l’impulsion d'Ankama démonte le mythe de la nouvelle économie et tord le cou à un certain nombre d’idées reçues sur la décrépitude de l’industrie du disque. Figurez vous qu’une start up – vous m’excuserez le vocable très début du nouveau siècle – va peut être amener les vieux industriels du disque à reprendre les fondamentaux du métier. Car Hip Hip Hip développe une véritable ligne éditoriale, musicalement proche des grands indépendants des 90’s tels Matador, Drag City ou Sub Pop, très ancrée dans les registres indie rock ou folk. Ajoutons à ce tableau le soin apporté au son comme au visuel, et vous avez une idée de l’ambition qui anime cette jeune équipe. En défenseur immuable de la scène locale, on pourrait facilement regretter l’absence de talents régionaux. Car les quatre premières sorties du label basé à Roubaix viennent essentiellement d’outre Manche. Mais la qualité des artistes signés est telle que le réflexe « protectionniste » se dissout sans grande résistance. Et pour se convaincre que l’initiative n’est pas un ballon de baudruche high tech, on se rendra à l’Aéronef le 28 janvier pour vérifier que les artistes du label, Him, Pharaohs, Blackfish et Mbotibol, n’ont rien de virtuel et comptent bien inscrire dans la durée leur aventure commune avec les jeunes pousses d’Hip Hip Hip.