Voilà un thriller politico-musical dont se serait bien passé Georges Gara, son directeur artistique et tous les musiciens qui oeuvrent, certains depuis ses débuts, à la réussite d’un projet qui n’a pas d’équivalent en Europe.

25 ans de bons et loyaux services ne suffisent donc pas à mettre à l’abri de toutes querelles intestines une équipe qui travaille de manière solidaire au développement et au rayonnement de la musique de chambre. L’histoire de cette belle aventure musicale et humaine commence en 1991 aux Salines d’Arc-et-Senans où Juventus posa ses pupitres pendant quelques années, puis au Luxembourg, et se poursuit depuis 1998 à Cambrai qui accueille ce festival de niveau international que bien d’autres villes pourraient lui envier. Rappelons par ailleurs que c’est grâce à l’installation de Juventus que Cambrai décida de rénover son théâtre. Le concept original initié par Georges Gara consiste à repérer les futures stars de la musique classique qui, cooptés par les anciens lauréats (106 de 26 pays européens dont Alexandre Tharaud, Emmanuel Pahud, Marc Coppey, Amandine Beyer, Céline Frisch, Xavier Phillips, Graf Mourja, Ronald Van Spaendonck et tant d’autres…), deviennent à leur tour Lauréats Juventus. Tous les ans en juillet, les heureux élus labellisés « Juventus » se retrouvent à Cambrai pour, à la fois une académie d’été de très haut niveau, et une joyeuse fête musicale qu’ils partagent avec le public.

Qui a dit que la musique adoucissait les mœurs ?

347 concerts plus tard, le torchon brûle entre Maurice Tomé, le président de l’association « Les Amis de Juventus », organisatrice du festival et Georges Gara son fondateur et directeur artistique. Le premier a, sans aucun scrupules, créée un autre festival, « Les musicales de Cambrai » ((7-14/07), allant jusqu’à en reprendre le concept et l’argumentation. A noter qu’aucun ancien lauréat n’a accepté de jouer aux Musicales de Cambrai et que tous les musiciens « Lauréat Juventus » apportent leur soutien à l’équipe fondatrice.

François-Xavier Villain, le maire de Cambrai s’est donc retrouvé à jouer les arbitres de cette triste affaire. Mais même réduit à sa portion congrue, Juventus 2016 est plus que jamais l’affirmation de la pérennité de l’esprit Juventus et de sa grande famille. C’est ainsi que vous pourrez entendre un récital du pianiste Frédéric Vaysse-Knitter (lauréat 2002) consacré à Liszt, Debussy, Chopin et Haydn qui sera suivi d’une grande soirée qui réunira 10 lauréats dans un programme Hindemith, Mozart, Boulez et Tchaïkovski. France Musique enregistrera comme toujours ces deux concerts et pour ceux qui veulent en savoir plus, rendez-vous le 1er juillet à 11h à la Grande Dimière à 11h avec Frédéric Vaysse-Knitter et Georges Gara et à 17h pour la répétition publique du concert du 2. L’avenir de Juventus est incertain à Cambrai, alors, ne boudons pas notre plaisir et profitons sans modération des deux concerts de cette année !