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Historique

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Qu'on la traite avec distance, humour, rigueur ou profond respect, l'Histoire reste le territoire le plus vaste des romanciers. Pour comprendre une époque, ressentir ses sursauts, son trouble ou encore mettre en lumière ses faiblesses, la fiction historique bat souvent à plate couture les travaux des historiens. C'est injuste mais c'est comme ça. En voici quelques exemples...


Un cocu magnifique


Il aimait sa femme. Plus que tout. Ce fut son drame. Louis-Henri de Montespan était gascon. Un coin où l'on ne rigole pas trop avec l'honneur. C'est vous dire si devenir du jour au lendemain la risée des courtisans était loin de le combler d'aise. Alors, contre toutes les pratiques de l'époque, lorsque le Roi lui prit sa femme, il décida de ne ne pas en rester là, ce qui, à l'époque, était loin d'être de mise...
Immédiatement, il fit peindre en noir son carrosse qu'il agrémenta, sur le toit, d'énormes ramures de cerf (quitte à porter des cornes, autant que cela se voie). Cela fit beaucoup de bruit dans Paris et Louis XIV tenta bien de le couvrir d'or pour le calmer un peu. Mais Le Montespan ne trouvait pas vraiment réjouissant ces cadeaux en écus à l'effigie de celui qui lui avait piqué sa femme. On peut comprendre. La lutte entra alors dans une autre phase. Puisque le roi lui avait volé son amour, il en ferait de même avec la femme de celui-ci. Mais la reine était vraiment trop laide et, introduit dans la chambre de celle-ci, il abandonna ce plan. A l'impossible, nul n'est tenu. Honorer la reine relevait un peu de cela.
Il décida alors d'une autre stratégie qui consistait à fréquenter régulièrement les pires prostituées du royaume en espérant ensuite, via sa femme, refiler au roi toutes les maladies vénériennes que le très Puissant avait laissé proliférer chez ses femmes de mauvaise vie. Peut-on parler de vengeance sous la ceinture. On peut aussi penser que le roi allait souffrir par où il avait pêché...
Jean Teulé, qui visite le Grand siècle en ethnologue amusé, nous fait partager dans ce roman la vie d'un homme trompé admirable. Car il fallait du courage pour se dresser ainsi face au Soleil et oser lui dire non. A cause de cela, Montespan qui simplement aimait sa femme, il fut la cible d'un assassinat (auquel il échappa de justesse) et se retrouva consigné sur ses terres jusqu'à la fin de sa vie. Il n'en reste pas moins l'un des premiers contestataires de l'absolutisme royal. Un révolutionnaire avant l'heure, en somme. Par amour.

Bâtir une cathédrale en Espagne


Autant de souffle et de vie dans un roman de cette taille, c'est assez rare pour être signalé. Faste fresque sur la construction d'une cathédrale à Barcelone, le livre d'Ildefonso Falcones est remarquable en tout point. Un peu comme si Mendoza avait écrit Notre Dame de Paris.  En suivant les pas d'Arnau Estanyol sur le chemin de la liberté, on est littéralement pris dans le vaste tourbillon d'une ville secouée de toutes parts. Conflits militaires( qui amèneront la gloire à Arnau) mais aussi révoltes populaires, Grande Peste ou encore ravages de l'Inquisition. Rien n'est épargné à ce jeune catalan. Lorque la gloire sera enfin là, il saura ne pas oublier d'où il vient et se faire le défenseur des pauvres et des esclaves.
A force de romans (Mendoza, déjà cité mais aussi Carlos Ruiz Zafon ou encore Pérez Reverte pour n'en citer que trois...) Barcelone est devenue la cité de toutes les formes de fictions. Ce nouveau livre de Falcones en apporte une autre preuve. C'est vertigineux et assez époustouflant. Elle en a de la chance, (et sans doute du charme et du mystère à revendre) cette cité, pour ainsi affoler les imaginaires.

Publié le 25/04/2008 Auteur : F. Launay

Le Montespan. De Jean Teulé, 333 pages. Éditions Julliard. La cathédrale de la mer. D'Ildefonso Falcones. 615 pages. Éditions R. Laffont

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