Eden à l'ouest

Elias, avec un de ses camarades, est décidé à tenter le tout pour le tout. Moyennant une somme rondelette, il embarque sur la Méditerranée à bord d'un bateau de passeurs, bien décidé à gagner l'Europe et les lumières de Paris. Contraint de finir son périple à la nage, il échoue sur la plage d'un luxueux club privé pour vacanciers fortunés. De là, il tente d'échapper aux représentants de l'ordre pour gagner la France.

Costa-Gavras le revendique, il a filmé le périple d'Elias, son héros, comme l'Odyssée d'Ulysse. Ballotté par les éléments (au propre comme au figuré), habité par un rêve, il doit affronter les écueils qui se dressent sur sa route (les profiteurs de tout poils et autres délateurs zélés comme jadis Ulysse face aux Lotophages, à la magicienne Circé ou à Polyphème le cyclope). Engagé, le film l'est certainement, dans les pas d'un personnage sans cesse confronté à l'égoïsme rampant et généralisé des européens comme face à leurs générosités inattendues. Pour autant, jamais le cinéaste, moins que son personnage, n'est dupe du résultat de cette course au mirage. Dans le sillage de ce périple, Costa-Gavras donne aussi à réfléchir sur l'évidente communauté qui lie les hommes entre eux, au-delà des variations de langue ou de culture. Ni niais, ni catastrophiste, Eden à l'ouest éclaire aussi sur le pouvoir de fascination qu'exerce encore, à tort ou à raison, l'Europe sur les immigrés du monde entier. Au coeur d'un parcours dont la chute ne surprendra personne, le réalisateur introduit toutefois quelques respirations solidaires, comme pour inciter à conserver de l'espoir en l'homme malgré le triste visage qu'il présente souvent.