On peut se demander ce qu'il serait advenu du jeune Madjoub si il n’avait pas quitté en 1965 son Algérie natale pour s’inscrire à l’école des Beaux-Arts de Tourcoing puis à celle de Paris. « La couleur incantatoire » à l’Hospice Comtesse fait suite à la rétrospective que le peintre s’est vu consacrer en 2012 au Musée d’Art Moderne et Contemporain d’Alger et rassemble des œuvres encore jamais montrées. A voir donc une soixantaine de peintures récentes et une centaine de dessins et aquarelles, important point d’étape dans la carrière de l’artiste.

Ben Bella depuis ses débuts n’en finit pas de tourner autour de signes qui ont fondé son vocabulaire esthétique, par exemple le X, signature de sa mère qui ne savait pas écrire sur le pain qui devait être reconnaissable puisque cuit dans un four commun, celui des pauvres. S’attachant à des éléments symboliques indiens ou africains et se considérant comme le premier taggueur il fait son métier de peintre en alchimiste de la couleur. Créateur d’imaginaire, Ben Bella qui considère André Masson comme son père spirituel, laisse à la fois parler ses tripes tout en voulant domestiquer le hasard. Le voilà donc équilibriste des contraires, un pied ailleurs, un pied ici entre peinture, musique et écriture graphique.