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loisirs

CRASH AERIEN CHEZ LES PLAYMOBIL©

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Jérémy Profit est un enfant de la balle aux influences multiples. Baigné de culture américaine, de folk art et d'art naïf, mais aussi fan (et pratiquant) de musique grindcore, c'est peu dire que les influences du dessinateur et pilote de l'atelier Zebra 3 sont multiples. D'où l'ambiance un rien schizophrène qui baigne ses travaux, présentés chez Pola à l'occasion de la rétrospective Suburbia présentée par l'association Zebra3/Buyself.

Côté cadre : des zones pavillonaires américaines, au calme ordonné et aux pelouses bien taillées entourant de petites maisons proprettes. Côté sujet, le chaos et le désordre règnent en maîtres. Des premiers travaux – une série de petits formats au feutre bordeaux réalisés entre 2005 et 2007- aux grands formats de la période 2009-2014, les sujets varient peu : accidents, catastrophes aériennes ou naturelles, épidémies et émeutes civiles viennent perturber une tranquilité qui n'est apparente. Si le dessin reste naïf et presque enfantin, la dénonciation de l'ultra capistalisme et du consumérisme n'en est que plus virulente, le constat de la défaite de la classe ouvrière, d'autant plus complète que le suicide est préféré à la désobéissance civile, n'en est que plus amer. Les vues de dessus, largement cadrées ou au contraire pour les petits formats, cadrées sérées comme dans le photo reportage, suggèrent une omniscience passive du public/spectateur qui dénonce aussi un rapport aux médias perverti. Sans se départir d'un côté volontairement naïf dans la forme, hommage au maître américain Richard Pettibone.

URBI ET ORBI

 

Car Jérémy Profit traite du quotidien, et de cet instant T qui voit "basculer une quotidienneté dans l'étrangeté". L'angoisse diffuse provient de l'ignorance de la cause du désordre, de "l'inquiétude quant au scénario qui entoure la scène". Chevaux éventrés, voitures enchevétrées, personnages sacrifiés ou pendus...Comment en est-on arrivé là ? C'est cette dérive de la normalité vers la dépression, la guerre, la violence qui est au coeur même des premiers travaux de Jérémy Profit. Mais cette première rétrospective est aussi une lecture de l'évolution de son art. En dix ans, l'homme et l'artiste ont changé. Les derniers travaux présentés dénotent cette évolution : la polychromie a remplacé les monochromes bleus ou rouges des débuts, les formats sont encore plus grands et les sujets tout en étant semblables sont différents : exit les zones pavillonaires où le béton est roi, ici la nature reprend ses droits à travers des prairies d'herbe folle, des champs de blé et des forêts. L'herbe, les feuilles, les rochers aux couleurs chatoyantes, mises en valeur par des cadres rétro-éclairés, remplacent peu à peu le bitume et font peu à peu disparaître la figure humaine du champ. Un champ vert comme l'espoir ?

Publié le 15/07/2014 Auteur : Anaïs Rouyer

Suburbia, par Jérémy Profit, du 10 au 25 juillet au Polarium de la Fabrique POLA, rue Marc Sangnier à Bègles. Gratuit.


Mots clés : loisirs