Chrysalide

L'urgence, Christophe Jean, ça le connait. Lui qui a créé sa compagnie et s'est lancé dans une démarche de création en assumant une liberté de création qui va de pair avec une production forcément plus compliquée retrouve le chemin de la scène, en personne cette fois, pour évoquer un questionnement et un cheminement qui lui tiennent à coeur. « Qu'ai-je fait de ma mémoire ? » interroge l'acteur-metteur en scène en prélude à un spectacle qui convoque les souvenirs brumeux d'une enfance partagée entre puzzle et miroir fragmenté. Ce n'est que progressivement que s'est imposée à lui l'idée d'interpréter le spectacle, nourri à la fois d'une évolution personnelle et d'un texte, L'enfant des broussailles écrit il y a quelques mois.

Pour autant, Christophe Jean n'abandonne pas son théâtre du corps et du silence. Si peu à peu les mots viennent à prendre vie dans Helpless, ce n'est encore que furtivement, prémisses sans doute à une éclosion plus marquée dans un prochain spectacle. D'ici là, le spectacle invite à une promenade poétique au milieu des souvenirs d'un homme qui se retourne vers son passé pour faire la part entre des souvenirs brumeux et une part d'éléments fantasmés ou recréés, qui tente d'organiser cette mémoire pour continuer à avancer « avec les noeuds qui se forment au cours d'une vie et d'une histoire familiale et qui ne se sont pas dénoués ». Peu d'accessoires sur scènes, une volonté d'éviter les clichés propres à l'enfance et un élagage soigné de toute intrusion trop importante du texte caractérisent ce dernier volet d'un cycle qui marque aussi une étape pour la compagnie et Christophe Jean. Assurément un voyage à faire en attendant de pouvroi découvrir la trilogie dans son ensemble.