Sortir : Déjà 11 tomes pour l'aventure IR$. Le succès de la série  a-t-elle été une surprise ?

Stephen Desberg :
C'est une aventure éditoriale comme le sont presque toutes les nouvelles séries. Il y a eu une période de rodage autour du premier tome mais très vite il a fallu le réimprimer et l'engouement n'a pas faibli avec le temps. Nous ne pensions pas que le succès serait si rapide.

Sortir : Est-ce difficile de durer ? L'évolution du personnage et de la série étaient-ils prévus de longue date ?

S. Desberg :
Nous avons pris le parti de construire le personnage au fil des albums. J'aime me laisser quelques cartouches pour les albums qui suivent, ne pas trop en dire dans chaque album. L'évolution état définie dans ses grandes lignes, mais le temps et l'expérience ont enrichi le tout, en fonction aussi des thématiques abordées dans les ouvrages.

Sortir : Dans Le chemin de Gloria pourtant, l'intrigue se resserre davantage autour de Larry Max, le personnage principal...

S. Desberg :
Je souhaitais changer un peu de point de vue, aborder un cycle véritable thème fort, comme c'était le cas jusqu'alors, afin de laisser un peu plus de place à la vie de Larry, de le bousculer aussi un peu. J'ai pensé que cela méritait un diptyque, tout comme j'ai également aimé porter un regard sur la ville de Los Angeles qui devient aussi, à sa manière, un personnage. Ça ne veut pas pour autant dire que j'ai épuisé tous les sujets possibles avec IR$, au contraire.

Sortir : Ce nouveau tome marque aussi une nouvelle approche du dessin.

Larry_B_Max_01.JPGBernard Vrancken : J'avais envie de sortir du schéma habituel pour explorer des pistes nouvelles plus proche de la peinture. J'ai donc choisi de travailler plus autour du lavis, qui me laissait une fluidité et une impression de liberté plus grande que le trait. Et puis j'aime me remettre en cause, changer d'approche, m'éloigner d'automatismes qui s'installent forcément quand on travaille si régulièrement sur un héros et une série. J'ai proposé ce changement qui a plu à Stephen (Desberg) et à l'éditeur. J'en suis heureux, ça m'a permis d'évoluer sans bouleverser la continuité de mon travail déjà effectué sur la série.

Sortir : Parallèlement débute la série Allwatcher, comment est née l'envie de cette déclinaison d'IR$ ?

S. Desberg :
J'ai d'abord été guidé par le sujet vaste des flux financiers et de leur versant occulte et puis le désir de m'intéresser à des personnages plus ordinaires avec des failles plus prononcées, que ces personnages soient d'ailleurs attachants ou déplaisants. C'est une façon d'aborder le sujet sous un angle différent et un jeu aussi avec le lecteur qui pourra découvrir ce regard plus approfondi et s'amuser de quelques clins d'oeil. Chaque tome suivra un personnage ayant des liens avec Allwatcher et dévoilera un peu de son réseau tentaculaire... L'idée de travailler sur une série fermée me plaisait aussi beaucoup, tout comme le plaisir de multiplier les collaorations avec des dessinateurs différents (Queireix, Köller, Mutti et Bourgne), nombre d'albums sont déjà avancés, ils pourront sortir à un rythme régulier.

Sortir : Côté éditorial, la pression est-elle plus grande sur ce type de projets que sur d'autres peut-être moins appréciés du grand public ?

S. Desberg :
De ce côté-là, nous n'avons jamais eu de quelconque pression de la part de l'éditeur, ni au début de la série, ni par la suite. On nous a laissé libres de travailler sur la longueur avec la possibilité par exemple de proposer des aventures sous la forme de diptyques ou de faire évoluer la série comme nous le souhaitions.