Passionné de politique d’abord et d’économie ensuite, le philosophe nous livre dans cette nouvelle édition mise à jour ce printemps, ses réponses à Marcel Conche, Lucien Sève et Yvon Quiniou qui lui ont fait quelques objections suite à la parution en 2004 de la première édition du « Capitalisme est-il moral ? »
Rien n’est plus salutaire en ces temps de crise économique planétaire que de réfléchir à la place de la morale dans l’économie, aux fondements de la démocratie, à la barbarie technocratique et libérale génératrice de désordres financiers et sociaux dont notre époque n’est pas avare. Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, la morale revient au galop, elle est devenue à la mode et même les politiques parlent de moraliser le capitalisme, mais peut-on moraliser un marché ? Non, bien sûr. S’il y a une moralisation à opérer d’urgence, c’est d’abord la nôtre en tant qu’individu, et puis gardons à l’esprit que la démocratie n’est pas une assurance vie contre toutes les dérives politiques… car nous dit-il « Dans une démocratie, c’est le peuple qui est souverain, ce qui exclut que les marchés le soient ».
André Comte-Sponville nous démontre preuve à l’appui que si le capitalisme n’est pas prêt de disparaître c’est parce que son carburant est l’égoïsme fondamental des hommes, et qu’il est dangereux de transformer les problèmes politiques en problèmes moraux. C’est à la lumière de Pascal et surtout de Marx, qu’André Comte-Sponville relit toujours avec une grande attention - souvenir de ses quelque dix années passées dans sa jeunesse au Parti Communiste - qu’il nous prouve l’amoralité fondamentale du capitalisme. Pour mieux comprendre le capitalisme, il faut donc relire Marx et aussi Comte-Sponville ! La thèse principale de l’ouvrage reste que la morale est l’affaire des êtres humains, pas des systèmes, et que si notre démocratie va mal, c’est plus de politique qu’il nous faut.