TOUT EST BIEN !

Adieu Barnum, bonjour faiblesse. Ici, tout est précaire : en équilibre fragile et transitoire. D’ailleurs, il ne reste plus grand chose, ni piste ni agrès et ce qui reste — bancs municipaux, vieilles planches entassées, tôles, fripes et sacs plastiques — est à vendre. Soyons direct : le chaos règne, la ruine et la catastrophe guettent.

Et c’est un bon point de départ pour le miracle de la beauté du cirque — après tout, l’énergie de la chute est aussi un élan que les six artistes, tous acrobates ou jongleurs et tous clowns, sauront utiliser avec une inventivité et une virtuosité qui laisse pantois et hilare. Bienvenue donc chez les affreux, saltimbanques et turbulents, où un escabeau peut servir de trapèze, où l’on se bat joyeusement à coups de déchets, où l’on croise Marilyn Monroe, la croisière s’amuse, le radeau de la Méduse, Voltaire et l’économiste Adam Smith, où la misère parle haut et fort. On n’y est pas toujours bien assis, mais on y retient souvent son souffle et on rit beaucoup.