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expos

La tendresse subversive

La rencontre de ces deux termes s’impose comme l’évidente conclusion des mutations de l’art dans un monde instable et fragile. La tendresse subversive est, dans l’exposition, l’alternative contemporaine à l’avant-garde moderniste.


Le dictionnaire Le Littré nous apprend de la tendresse qu’elle est Nature : « nul ciseau, nul tour, nul pinceau ne peut approcher de la tendresse avec laquelle la nature tourne et arrondit ses sujets. » Mais il nous dit aussi qu’elle est Culture : « s’est dit autrefois de la douceur, de la délicatesse et de la légèreté du pinceau, du ciseau. » Nous voilà avec Nature & Culture qui se rejoignent en tendresse. D’une part, le décor d’un réel qui accueille nos vies - architecture, urbanisme, industrie, loisirs... Bref ! ce que nous faisons. D’autre part, la Nature qui accueille dans son monde un monde étranger, le nôtre. La rencontre de ces deux mondes provoque une friction, une tension qui à ce jour semble ratée, pour ne pas dire désastreuse.

Nous aurons remarqué dans cette définition d’autres termes : douceur, délicatesse, légèreté. Autant de mots qui aident à la compréhension de la tendresse, à savoir qu’elle s’affranchit de la force pour agir. Une théorie du faible, comme l’écrit Maggie Nelson, soutient l’hétérogénéité et encourage l’incertitude épistémologique. […] ne suffoque pas de son irrésolution ni de son désordre. Elle prend son temps, et court ainsi le risque de paraitre « faible » dans un environnement qui privilégie les gros bras et le consensus […]. (On Freedom: Four Songs of Care and Constraints, 2021).

Mais qu’est-ce donc subvertir ? Le terme est issu du latin subvertere, de sub, en dessous, et de vertere, tourner. Agir en dessous. Retourner le monde sens dessus dessous. Nous voici à la convergence des chemins. Infiltrer le réel et le détourner de son sens mais avec tendresse.

L’exposition nous fait parfois rendre visite à des êtres que nous refusons de regarder. D’autres fois, elle nous fait nous souvenir de nos tentations répétées pour contenir les libertés, ou tordre les corps pour les abimer. Surtout ceux des femmes. Et puis il y a les oiseaux que le dessin n’emprisonne pas.

Chèr·es visiteur·euses, prenez le temps d’apparaître faible, soyez indeterminé·es, incertain·es ! C’est à ce prix que vous verrez la tendresse subversive dans les œuvres de chacune des artistes.

Publié le 03/01/2023


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