Survivre avec les loups

De l'incroyable périple de Misha Defonseca, raconté par celle-ci dans un ouvrage qui reparaît chez XO, Véra Belmont a fait un conte tragique qui n'en reste pas moins un étonnement perpétuel pour le spectateur. Comment imaginer qu'à l'aide d'une simple boussole une enfant ait pu traverser pratiquement toute l'Europe (de la Belgique jusqu'à l'Ukraine) à pied, seule en se nourrissant de ce qu'elle pouvait voler ou le plus souvent trouver en grattant le sol gelé. Seule n'est d'ailleurs pas tout à fait la vérité et c'est bien ce qui est encore plus surprenant dans cette histoire. Assez vite, dans son périple, la petite Misha se fera adopter par une famille de loups qui lui accordera une place, de la nourriture et de l'affection. En fait exactement le contraire de ce que les nazis refusaient aux siens, les juifs.

Une incroyable histoire fait-elle cependant un bon film ? Pas toujours. Ici, cependant, la petite Mathilde Goffart, qui joue Misha et dont c'est le premier rôle à l'écran, n'est pas pour rien dans la réussite de l'ensemble. Incontestablement sa voix n'est pas toujours juste dans les dialogues mais son jeu, sa présence, ce mélange de timidité et de luminosité donnent au film toute sa puissance et sa crédibilité. Bedos et Bernier sont plutôt bien en paysans accueillants. Anne-Marie Philipe, toujours juste en triste marâtre. Mais ce sont les loups et Misha qui tiennent la plus grande part du film (plus de 40 minutes) et il est difficile (même après ce qu'un renard nous a montré récemment à l'écran) de ne pas les trouver époustouflants. La réalisatrice explique qu'ils étaient plus capricieux que des Marlon Brando. On veut bien la croire et on en n'est que plus admiratif du résultat.Une histoire incroyable, presque L'enfant sauvage à l'envers. Survivre avec les loups est un film où les humains ont tout à apprendre des animaux. C'est aussi une histoire vraie. Ce n'est d'ailleurs pas le moins étonnant.