Premier jour, première artiste, Ala.ni ouvrait le bal des musiciens avec douceur et enthousiasme. La chanteuse a donné de sa belle voix en compagnie de son guitariste, pour une performance frustrante : la qualité de ce live aurait pu aller plus loin si la set list n'avait pas été improvisée sur scène. Dans une continuité soul plus percutante, Allen Stone et ses musicens ont livré un concert intense. Sur chacun de ses 3 sets sur la garden stage (seconde scène du festival), Stone a poussé un peu plus loin les sonorités groove de son show. Basse, clavier et batterie énergique à l'appui, le public a largement adhéré à sa proposition musicale. Les James Hunter Six, caution rockabilly et blues de la programmation, ont brillé par une alternance réussi entre chanson électrisante et plus calme. Entre deux déhanchements à la Elvis Presley, le leader du groupe a laissé la place à de très bon solos du claviériste et des deux saxophonistes. Lianne La Havas et Jill Scott leurs ont succédé en donnant à la suite les premiers concerts mémorables du week-end. Avec charme et délicatesse, Lianne La Havas a séduit son audience en jouant ses tubes « Unstoppable » et « Forget » et en reprenant « I Say A Little Prayer » de Dionne Warwick. Autre grand nom attendu, Jill Scott a livré un live intense aux allures de show à l'américaine : entourée de ses choristes, guitariste, batteur, bassiste, claviériste, saxophoniste et trompettiste, la chanteuse a imposé sa voix en harmonie avec ses musiciens pour livrer un jazz tantôt influencé par le blues, tantôt par la musique cubaine. Plus légèrement, Con Brio a clôt cette première journée avec un concert funk réjouissant où le chanteur a fait une démonstration de ses talents de danseur à la James Brown.

À quelques exceptions près, le deuxième jour s'est avéré aussi intéressant. Durant sa performance, Daymé Arocena a laissé son pianiste, son batteur et son bassiste improviser des solos à plusieurs reprises. Pari gagnant : un concert de jazz cubaine vif, libre et entraînant. Côté garden stage, Day Fly a proposé - durant trois sets - une musique au croisement de la soul et du funk teintée de sons électroniques. Le groupe a moins rassemblé qu'Allen Stone la veille, la faute peut-être a une musique moins dansante. Le Budos Band a en revanche été plus acclamé. Les musiciens new-yorkais ont joué avec simplicité et ferveur leur musique : un audacieux mélange d'afrobeat et de rock psychédélique alliant cuivres et guitare électrique. Les jumelles d'Ibeyi se sont quant à elles clairement démarquées lors de cette journée au cours d'une prestation équilibrée entre chansons avec instruments et chants a capella. Piano, cajón et contrôleur d'échantillons de sons leurs suffisent pour composer une électro soul mâtinée de musique cubaine. Célébration des liens familiaux, plusieurs morceaux de leur partition sont liés à la perte et elles ont ainsi dédié l'une de leur chansons aux victimes des attentats de Nice survenus la veille. Un live apaisant où la chanson « River » a été particulièrement applaudi au point d'être rejoué lors du rappel. La perfomance de St Germain et ses musiciens s'est avérée en revanche moins passionnante : alliance deep house et afrobeat, chaque chanson était invariablement structurée par un rythme de répétition suivie d'un crescendo. On retiendra plutôt la deephouse mêlée au funk de Pomrad.

Carton plein pour les oreilles le dernier jour : Carate Urio Orchestra a usé de sa partition planante de jazz tirant vers le post-rock : contrebasse, trompette, saxophone et clarinette s'y mélangent harmonieusement avec guitare électrique et batterie énergique. Pour le reste, le line-up de cette soirée n'avait que peu de choses à voir avec le jazz. Le duo claviériste et batteur de BeraadGestagen a composé une musique électronique anarchique au rythme en permanence hâché et saccadé, tout en ruptures, une curiosité à découvrir. Plus classique, la chanteuse néerlandaise Eefje de Visser a assuré un set pop rock efficace clairsemé d'envolées lyriques. Perfume Genius enchaîna la scène principale. Clairement sous influence des années 80, proposant une pop à base de sons électronique et de piano, le chanteur a reussi le pari d'assurer un concert à la fois grandiose et sensible.

Une édition 2016 qui était aussi l'occasion de voir dEUS jouer en 'soft electric' des titres plus tranquilles de leur répertoire. En mode ballade rock, le groupe a immergé son public dans une atmosphère intimiste, assi et venu en masse, au son de guitares, violon et de la voix grave deTom Barman, une jolie réussite. En guise de clôture, The Germans a fermé le festival sur le son d'un rock psychédélique, nourri au synthé et à la voix efféminée de son chanteur, le tout pour une performance scénique stimulante.