C'étaient les années grunge. Une kyrielle de groupes bruyants furent accolés à cette étiquette, tels des mouches à un ruban. Beaucoup d'opportunistes, des talents à la Nirvana ou Mudhoney et quelques francs-tireurs comme les Melvins et Earth. Bien qu'influencé par le heavy-metal et le punk, Earth fut définitivement ailleurs, trop higher même. Aux diables de pacotille du hard-rock, Earth privilégiera ses propres démons intérieurs par le biais de plages instrumentales dissonantes parfois aux limites du chemin de croix. Flirtant avec bien trop d'enfers, Dylan Carlson faillit plus d'une fois perdre, groupe et vie. En un quart de siècle, Earth a fini par faire œuvre et imposer sa musique au-delà des frasques. Grosse influence pour nombre de groupes contemporains, Earth refuse le statut de valeur sûre. Déluges de décibels, bourrasques noise, orages drone et ciel stoner plombé, avec Earth il n'y a aucun refuge. Avec consentement, un concert de Earth c’est s'abandonner à une belle dérouillée musicale.