Il est des propositions rassembleuses dont le positionnement s'essouffle parfois aussi vite qu'il a émergé. Loin de s'épuiser, les Latitudes contemporaines, toujours conduites par le duo complice et gagnant formé par Maria-Carmela Mini et François Frimat, continuent d'inviter à un plongeon grisant dans la création chorégraphique contemporaine. Loin de l'image froide et distante qu'on lui accole à tort, la danse contemporaine demeure plus que jamais un vivier d'audaces formelles et de prouesses physiques mises au service de parcours qui ne cessent de questionner le monde. Outre cette acuité tournée vers la création, le festival fédère aussi un joli réseau de salles, reflet d'une approche nourrie de multiples influences et brassant des horizons variés. C'est ainsi que, de l'Opéra de Lille au Grand Sud, en passant par la maison Folie de Wazemmes (QG traditionnel du festival) et le théâtre Massenet à Lille, la COOP d'Armentières, la Condition Publique à Roubaix, la Rose des Vents à Villeneuve d'Ascq ou le Buda KunstCentrum de Courtrai, le rendez-vous ne se contente pas d'appeler à la rencontre, mais la provoque.

Sur les scènes, la même impérieuse nécessité de croiser les approches et les ambiances permettra de découvrir les propositions de Luis Garay, François Chaignaud et Cécilia Bengolea, Michelle Ellsworth ou Angelica Liddell, Miet Warlop ou Maarten Seghers notamment. Autant de formes et d'approches que complètent cette année des propositions musicales éclectiques (Prieur de la Marne, Chassol, A U Bad Band, Kylie Walters, Seb Martel ou Oua-Anou Diarra et Manou Gallo & The Music Machine) venues renforcer l'ouverture d'un rendez-vous devenu décidément incontournable. Derrière des propositions artistiques engagées, des rencontres avec les artistes et entre professionnels rythmeront le festival cette année encore, avec un accent mis sur la laïcité et l'égalité hommes-femmes et une attention toujours portée vers tous les publics. Une belle démarche qui s'est étoffée, pour accompagner au mieux les artistes (à créer et faire tourner leurs spectacles) et le public (via des échanges, des rencontres et des « instants critiques ») devant et sur les planches. Un travail d'explication et d'échange permanent qui reste sans doute l'une des clefs de la réussite et de la pertinence du rendez-vous.