Sortir : Un Bordelais d’adoption qui écrit sur la ville, pas banal...
Hubert Bonin :
En fait, je suis professeur ici à Bordeaux (à l’Université Montesquieu) depuis plus de 20 ans, après un passage par Paris et étant originaire de Lyon. En tant qu’habitant parfaitement intégré à la communauté urbaine comme à la vie étudiante,disons que j’ai souhaité exercer mon regard critique sur la ville.

Sortir : Traite des noirs, seconde guerre mondiale (...), autant d'épisodes douloureux de l'Histoire de Bordeaux...
H. Bonin
 : Ma volonté première à travers cet essai consistait à ouvrir un véritable débat sur les élites. Comme je suis un homme de culture, je fréquente beaucoup de cultureux et suite à nos conversations, j’ai décidé de créer cette espèce de "blog livresque" regroupant diverses réflexions thématiques que j'ai eu l'occasion d'avoir au cours de nombreux congrès. Après m'être aperçu qu'il y avait une accumulation de blancs, de non-dits autour de certains sujets, j'ai  jeté mes notes noir sur blanc pour faire partager mon avis sur ces mêmes sujets et ainsi inciter au débat.

Sortir : Avez-vous rencontré certaines difficultés pour mener à bien vos recherches ?
H.Bonin :
Non, grâce notamment au dynamisme des archivistes mais aussi au travaux de recherche menés par des jeunes chercheurs. Je suis aussi parti sur le terrain rencontrer des témoins... J’ai effectué cette enquête car je suis convaincu qu’il existe un véritable décalage avec la réalité des faits historiques.

Sortir : Jusqu'à remettre en cause le « système Chaban »...
H.Bonin
: Bordeaux et ses habitants entretiennent un véritable mythe autour de Jacques Chaban-Delmas, qui renvoie une véritable image de marque, pourtant assez éloignée de la réalité. Etait-il un vraiment un homme de la modernité ? Je tente de répondre à cette question à travers une analyse critique.

Sortir : Quelles répercussions pour ces tabous sur la ville aujourd'hui ?
H.Bonin
: C’est la politique culturelle qui en pâtit avant tout. Par exemple, lors d’une visite au Musée d’Aquitaine, je me suis rendu compte qu’il y avait un vrai vide sur tout ce qui concernait la Traite des Noirs. C’est donc pour combler ce vide et contribuer au débat citoyen que j’ai décidé d’écrire cet essai.

Sortir : Ce silence collectif, ça vous semble propre à la culture bordelaise ?
H.Bonin
: Chaque ville a ses spécificités. Bordeaux, elle, a toujours voulu entretenir le mythe de grande puissance. Cependant, en raison entre autres du manque d’argent, on peut constater aujourd’hui qu’elle se croyait plus importante qu’elle ne l’était…Sa capacité n’était pas à la hauteur de ses ambitions.

Sortir : En tant que professeur, quel rôle pour l'enseignement vis-à-vis du travail de mémoire ?
H .Bonin 
: Là-aussi, il y a un véritable travail à faire pour permettre aux élèves d’exercer leur sens critique, absolument nécessaire afin de comprendre notre société actuelle.