10 ans de Manifeste

Il faut commencer par là, car la chose est d'importance, à l'heure même où le littoral fête Dunkerque 2013, capitale régionale de la culture, où l'on célèbre l'importance d'une ouverture de la culture au plus grand nombre (démarche que Brigitte Mounier défend, promeut et encourage depuis des années à un vol de mouette de-là) : le Manifeste vient de se voir amputé d'une partie de ses financements. Une décision d'autant moins compréhensible qu'elle intervient l'année même où le littoral fête la culture. Faute d'argent, une partie des spectacles ont donc été annulés, remplacés par des productions maison pour ne pas flouer les spectateurs et les participants, toujours nombreux et motivés, venus de toute la société, de nombreuses régions et pays découvrir, partager, échanger et pratiquer autour de la culture. Il est décidément dommage de constater combien les décisions administratives cadrent parfois bien peu avec la pertinence du travail de terrain, à Grande-Synthe comme ailleurs.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, malgré la mauvaise surprise représentée par cette annonce, Brigitte Mounier s'est donc battue pour faire vivre cette édition 2013 qui croisera un spectacle de marionnettes brésilien autour des écrits de Sade, une création d'opéra avec des amateurs du littoral (Alexander's Feast chapeauté par Nadège de Kersabiec et Brigitte Mounier), la reprise d'Hair Mundo Frei création de la compagnie ou Hôtel Palestine de Falk Richter mis en scène par Jean-Claude Fall. Le tout jalonné évidemment du retour des ateliers organisés en amont avec de nombreux artistes présents pendant les trois jours, mais aussi de conférences (autour du droit des femmes, du nucléaire et pour la première fois de la culture et de sa place dans la société), de repas festifs, d'une librairie et d'une exposition retraçant les 10 années de Manifeste. Un magnifique creuset, à la confluence de l'artistique et de l'humain, qu'il serait extrêmement regrettable de voir mourir.